Selon les chiffres du Pentagone, 6.786 soldats américains ont été tués en Irak ou en Afghanistan depuis le 9 septembre 2001 et 52.570 autres ont été blessés. Ces chiffres publiés par Breitbart News comprennent les 44 morts et 53 blessés dans le cadre de la lutte en Irak et en Syrie contre l’Etat islamique qui est lui-même issu d’Al-Qaïda en Irak, même si les deux groupes, Etat islamique et Al-Qaïda, sont aujourd’hui concurrents. En 2014, l’armée américaine est revenue en Irak, qu’elle avait quitté en 2011, pour soutenir le combat contre l’État islamique. Mais si ce dernier voit son territoire se réduire, Al-Qaïda se porte au contraire mieux que jamais, y compris en Syrie où cette franchise du terrorisme islamique créée par feu Oussama ben Laden bénéficie du fait que l’EI concentre sur lui toutes les attaques.Grâce au soutien des Talibans, Al-Qaïda reste également très présent en Afghanistan et au Pakistan.
Mais ces deux pays ne concentrent plus à eux seuls le haut commandement de l’organisation islamo-terroriste qui s’est en partie éparpillée au début des années 2010 vers la Syrie et le Yémen. Si cet éparpillement peut lui poser des problèmes de coordination, il rend plus difficile son élimination, comme l’a fait remarquer en juillet Katherine Zimmerman, analyste et chef d’équipe de recherche sur Al-Qaïda et les mouvements associés au Foreign Policy Research Institute (FPRI), devant la sous-commission du contre-terrorisme et du renseignement de la Chambre des Représentants à Washington.
Le sacrifice des 2.258 morts et des 20.265 blessés de l’armée américaine en Afghanistan n’a pas permis de vaincre les Talibans
« Al-Qaïda est en train de se reformer en Afghanistan de concert avec les Talibans afghans », a encore affirmé Mme Zimmerman, et des chefs « comme Ayman al-Zawahiri et Hamza bin Laden opèrent depuis la région Afghanistan-Pakistan. » Elle a aussi rappelé aux représentants américains que l’organisation d’Oussama ben Laden n’avait jamais perdu son sanctuaire au Pakistan, ce qui lui a permis de se projeter à nouveau vers l’Afghanistan avec le retour des Talibans après le retrait de la majeure partie des troupes américaines à la fin 2014.
Depuis 2015, Al-Qaïda dispose à nouveau d’importants camps d’entraînement en Afghanistan tandis que cette année-là les Talibans commettaient plus d’attaques terroristes en Afghanistan que l’Etat islamique dans le monde entier, selon les chiffres du Département d’État américain. Aujourd’hui, les Talibans contrôlent environ 40 % du territoire afghan. En 2016, ils étaient, toujours selon le Département d’Etat, le deuxième mouvement terroriste le plus meurtrier, après l’EI, avec 848 attaques qui ont fait 3.615 morts et 3.572 blessés. Parallèlement, la filiale d’Al-Qaïda en Somalie, al-Shabab, était classée quatrième derrière l’EI, les Talibans et le Parti communiste d’Inde (maoïste).
Al-Qaïda a su profiter des conflits qui secouent le monde musulman pour renforcer sa présence du Mali à l’Afghanistan
« Al-Qaïda s’est adapté et a évolué pendant que l’Amérique était obnubilée par la reprise de deux villes à l’Etat islamique. Al-Qaïda est devenue plus résistante et [se tient] prête pour exploiter nos faiblesses stratégiques », prévient Zimmerman, pour qui c’est délibérément que l’organisation islamiste agit depuis des années en dessous des seuils qui auraient déclenché l’alarme à Washington, en se fondant dans des insurrections locales du Mali à la Syrie et à l’Afghanistan.